lundi 13 juillet 2009

Lecture : Viramma, Une vie paria, le rire des asservis

Viramma, Une vie paria, le rire des asservis - Pays tamoul, Inde du Sud
par Viramma, Josiane et Jean-Luc Racine
Editeur : Plon - France Loisirs 1995
Collection : Terre Humaine
Langue : Français
Broché : 626 pages
ISBN-10 : 2744292596
ISBN-13 :
Prix conseillé : épuisé (en juillet 2009), mais trouvable facilement d'occasion sur Internet, existe aussi chez Pocket (épuisé également)

Les auteurs (présentations de l'éditeur) : Viramma, ouvrière agricole asservie à une famille possédante du village de Karani, près de Pondichéry, est aussi sage-femme dans son quartier paria, et chanteuse.
Josiane Racine, Tamoule de Pondichéry, poursuit auprès de l'Ecole pratique des hautes études, à Paris, ses recherches sur la culture populaire en Inde du Sud, dont une forme d'expression, vivante mais menacée, demeure celle de l'oralité : contes, récits, ballades et chants.
Jean-Luc Racine, son mari, directeur de recherche au CNRS, conduit au Centre d'étude de l'Inde de l'Ecole des hautes études en sciences sociales, comme dans la revue Hérodote, des travaux portant sur les dynamiques sociales, économiques et géopolitiques de l'Inde contemporaine. Il a publié Calcutta. La ville, sa crise (1986), Tiers Mondes, figures d'incertitude (1990), l'Inde et la question nationale (1993), Les Attaches de l'homme (1994).

Le livre :
  • Présentation de l'éditeur
A l'ombre de la société indienne vivent ceux qu'on appelait jadis les Intouchables, ceux que Gandhi désignait comme fils de Dieu, ceux qui, aujourdhui, se définissent de plus en plus comme dalit, les écrasés, les opprimés. Dans la région de Pondichéry, on les appelle paraiyar, un nom que les voygeurs européens ont transformé en paria.
Livrée par sa caste au devoir ancestral de soumission, Viramma, Paria villageoise, nous dit ici sa vie, ses craintes, ses aspirations. Avec son admirable vitalité, avec la langue crue et son talent de conteuse, sans misérabilisme, elle éclaire ce que sont l'enfance, la femme, le couple, le pouvoir des dominants, les passions des hommes, l'incertitude du lendemain. On entre avec elle dans la boue des rizières, mais aussi dans le monde des esprits et des dieux, des jeteurs de sort, des rèves de délivrance.
Dans ce que dit cette voix de l'ombre, résonne aussi le rire des asservis, parfois tragique, parfois de dérision, parfois amer, souvent franc, un rire que forgent la force de vivre et la grandeur des dominés, un rire qui transfigure le destin, sur la difficile voie de l'émancipation.
Confié et recueilli dans un total esprit de confiance, ce témoignage nous vaut ce texte rare, éclairant à la fois les profondeurs d'une Inde qui bouge et l'indestructible dignité qui anime les plus méprisés des exclus, à l'heure même où nombre d'entre eux aspirent en masse à une nouvelle reconnaissance sociale et à un nouveau pouvoir. Ce livre d'écoute est un hommage à ceux qui furent si longtemps privés de parole.
  • Fiche de lecture
Ce livre est à lire absolument pour qui veut découvrir ce qu’est l’intouchabilité vécue au quotidien. On y découvre la vie d’une femme paria (nom des intouchables que l'on nomme aussi « dalits » dans l’Inde actuelle) vivant dans un village où l’activité essentielle est naturellement l’agriculture (arachide, riz). Viramma raconte son enfance volée, mariée très jeune comme toutes ses camarades à un homme qu’elle n’a pas choisi. Si les débuts de sa vie de couple furent difficiles, elle s’y est fait, elle a découvert le plaisir et aimé son mari. Viramma n’hésite pas à nous parler de sexualité dans des termes très verts et de façon joyeuse.
Elle a eu douze enfants, dont neufs sont morts en bas âge. Elle est analphabète. Les parias vivent à l’écart des autres castes et du village principal.

On apprend beaucoup sur la religion et la vision du monde des plus humbles dans ce livre. Viramma décrit minutieusement le monde des esprits qui la terrorisent, celui des jeteurs de sort et des exorcistes, et sa religion qui la maintient dans une soumission totale à l’ordre du monde. Elle respecte sa condition, son « dharma ». Elle désapprouve son fils qui n’accepte plus cet ordre du monde et qui veut le changer. Si cette manière de vivre est bien ancrée dans l’hindouisme, on découvrira que le quotidien de sa dévotion est bien loin de celui que nous pouvons découvrir dans les livres diffusés en occident et qui décrivent en général la pratique religieuse des plus hautes castes. La religion de Viramma me semble très pragmatique.

Viramma se contente des petites améliorations apportées par la démocratie, mais elle est loin d’être dupe des manœuvres de clientélisme ou d’intimidation de nombreux politiciens locaux véreux.

De nombreuses anecdotes sont rapportées. Elles sont parfois terribles par la violence qu’elles mettent en lumière - les maîtres n’hésitant pas parfois à battre à mort les récalcitrants - elles sont parfois drôles.

Viramma rit, elle rit constamment, de tout.

Le mari de Viramma témoigne aussi durant quelques pages, il est plus critique que Viramma et quelques unes de ses phrases adressées à Josiane Racine (originaire d’une caste élevée) et à son mari occidental Jean-Luc, sont terribles, celle-ci par exemple :
- Vous, quand vous suez, c’est de l’eau. Nous c’est du sang ! (p.350)

On en parle sur Internet :

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